Combien perdons-nous tous les ans?
Le PMU se vante d’avoir 6.500.000 turfistes. Ce chiffre est fort heureusement très gonflé. Il y a bien 3 ou 4 millions de joueurs très occasionnels, qui mettent une piécette sur les malchances d’un cheval, perdent et puis oublient. Mais il reste un noyau dur d’environ 2 millions de turfistes, essentiellement des hommes, qui perdent dru. Autour de vous, peu de personnes se vantent de jouer aux courses. Contrairement à ce qui se passe dans le monde anglo-saxon, où même la Reine d’Angleterre joue aux courses et y va de son petit billet de 5 livres (à son effigie, bien entendu), en France, jouer aux «courtines» est très mal perçu. Pourtant, un de vos amis mâles sur 5 ou 6, joue aux courses. Ceux qui l’avouent n’hésitent pas à prétendre qu’ils gagnent. A les en croire, tout le monde gagne aux courses. Je suis tout seul à perdre. Probablement ils gagnent ce que je perds. Pas grand chose. Dès lors, on se demande pourquoi il y a encore tous ces imbéciles qui se lèvent de bon le matin, pour aller travailler dans les usines ou s’ennuyer dans les bureaux, alors qu’il suffit de jouer . . . aux courses.
Que dire des pronostiqueurs! C’est quoi un pronostiqueur? C’est un brave garçon, qui par le passé a cru pouvoir gagner au PMU, a perdu sa culotte et s’est stipendié pour nous suggérer de jouer les chevaux avec lesquels il a su prendre une déculottée par le passé? Comment en serait-il autrement? L’homme n'est pas très partageur, (le communisme a fait faillite, même en Russie). Je vois mal un pronostiqueur qui gagne, venir partager ses gains avec des milliers de lecteurs, pour une poignée de figues (environ 2 à 3.000€, et souvent moins, soit le salaire du journal qui l’emploie). Aucun pronostiqueur ne peut faire gagner ses lecteurs. Aucun. C’est un peu peu. Dès que quelqu’un se déclare pronostiqueur, il faudrait le faire mettre en taule pour charlatanisme avoué et jeter la clé dans l’Océan Pacifique. (C’est là que sont les fosses marines les plus profondes, pouvant atteindre 12.000 mètres). Parmi les pronostiqueurs, je ne connais pas de Saint-Martin’s . . .
Je n’ai d’ailleurs pas compris l’histoire de ce Saint appelé Martin. Dans la bible, on apprend qu’un dénommé Martin se promène par un froid matin, sans rien demander à personne. Passe par là un pauvre diable qui se les gèle. Martin, bon apôtre, déchire son manteau en deux et en passe la moitié à l’autre. C’est grand, c’est généreux, mais à partir de là, ils sont deux à se les geler. L’un d’un coté, l’autre de l’autre. Cette histoire maladroitement racontée ne précise pas qui se la gèle à gauche, et qui se la caille à droite. C’est une histoire qui jette un froid et vient contredire le merveilleux proverbe africain: «Ne donne pas de poissons à un pauvre. Apprends-lui plutôt à pêcher.» Saint-Martin aurait mieux fait d’apprendre à son pauvre à se tricoter un manteau pour l’hiver.
Et puis, il y a le PMU.
Là il me faut sortir de ma politesse proverbiale et lâcher quelques gros mots bien sentis. Il y a environ 6 ans (je retrouverai la date exacte) Bertrand Bélinguier, président du PMU, inonda les journaux, radios et télévisions avec un slogan qui encore aujourd’hui (Novembre 2015) est servi à toutes les sauces : «Nous parions que vous allez gagner»
L’audace de ce slogan a surpris tout le monde. Plus mensonger que cela, tu vas en enfer «direct». D’une part le PMU est un organisme qui gère les paris des autres et n’a pas à en prendre. Il est même interdit au PMU et à son personnel de «jouer aux courses». Mais surtout, à partir du moment où le PMU retient environ 30% de tout argent parié, pour frais et taxes, le slogan, qui s’adresse à l’ensemble des parieurs, ne peut que mentir. Pour être exact il devrait plutôt dire : «Nous parions que vous allez perdre en moyenne 30% chaque fois que vous jouerez» Slogan moins menteur, mais . . . moins vendeur.
Quand ce slogan est sorti, les journalistes de Paris-Turf, qui pourtant avalent bien des couleuvres provenant du PMU, restèrent interloqués. Au nom de leur courage légendaire, de leur «liberté de penser» (dont ils se vantaient, en copiant le titre d’une chanson de Laurent Pagny. Les journalistes de Paris-Turf ont surtout la liberté de penser comme le PMU, sinon, ils perdent le budget publicitaire de Grand-Frère. C’est cela leur liberté!) Aucun des journalistes de Paris-Turf n’osa moufter. Pas une ligne, pas un mot, pas un pet de travers. Mais on ne pouvait pas laisser les choses en l’état. Alors le directeur de la rédaction, descendant en droite lignée de Ponce Pilate, pour s’en laver les mains, eut la brillante idée de décharger la responsabilité du journal sur le jugement à porter de cet infâme slogan. L’affaire étant d’importance, il chercha et trouva un . . . philosophe, figurez vous.
Malheureusement Socrate, Aristote, Epicure, Plutarque, Machiavel, Descartes, Spinoza, Rousseau, Kant, Marx, Nietzche, Bergson, Sartre étant mal en point, et notre philosophe national, Bernard-Henri Lévy, notre BHL chéri, étant trop occupé à repasser ses chemises blanches à col amidonné, Paris-Turf fit appel à «l’illustre Philosophe Inconnu» (je retrouverai l’article, le nom, la date - c’est du boulot, vous savez !).
Ce grand philosophe, après avoir trituré quelques phrases mal toilettées, et tourné autour du pot de chambre, finit par conclure que le slogan du PMU, «Nous parions que vous allez gagner» était surprenant mais pas choquant et n’avait rien d’amoral ! Fichtre!
Savez-vous ce qu’il vous dit, le philosophe moderne que je suis . . . «Nous parions que vous allez gagner», est le slogan le plus mensonger, le plus dégueulasse de l’ensemble de ce qui s’est fait, se fait et se fera dans les années à venir, en matière de publicité. C’est un slogan d’agence publicitaire sans scrupules, sans idée des graves conséquences qu’il occasionne. Plus mensonger que cela, même l’enfer vous est interdit.
J’ai retardé tant que j’ai pu,
le triste moment d’ouvrir les robinets . . .
et vous faire prendre une douche froide.
Calculer ce que nous, les turfistes, perdons tous les ans, est une gymnastique interdite par le PMU. Les comptes du PMU sont protégés comme des secrets militaires. Cet organisme, comme cela se fait au poker, (dont il vend des paris), devrait mettre l’argent sur le tapis. Tout au contraire, il le cache sous la pelouse. Curieux ce PMU. Tant que ses prises de paris augmentaient, on avait au moins droit tous les mois à des chiffres «fanfaronnés» dans Paris-Turf. Depuis qu’il est en déclin, finies les confidences tonitruantes.
A partir de là, on ne peut pas faire autrement que de partir de chiffres solides, globalisés par le PMU, pour très vite dévier vers des suppositions aléatoires, confirmées par l’évidence. Ne vous attendez pas à ce que je vous présente une addition avec les centimes, (le scandale des centimes que le PMU se met dans la poche est traité par un de mes chapitres) mais une suite de chiffres arrondis, dans une fourchette raisonnable, toujours penchant au profit du PMU, afin qu’ils ne soient pas trop contestés. Malgré ces précautions, nos pertes restent écrasantes.
En fin d’année, le PMU présente, à contre coeur, son bilan de l’année précédente. S’il pouvait le cacher, il le ferait, mais . . . c’est la loi. Le chiffre global est confirmé, mais de nombreux postes sont cumulés, masquant ainsi le véritable emploi de l’argent. (Je ne prétends pas, loin de là, qu’il y a des fuites de capitaux au PMU. La seule fuite est ce qu’on appelle la «fuite en avant», sorte d’obstination à ne jamais changer d’avis, prendre de mauvaises décisions et persister dans l’erreur, multiplier courses et jeux par exemple). L’année dernière le PMU a encaissé, en chiffres arrondis, 10,5 milliards. Ecrit en chiffres, cela donne une suite de zéros épouvantable.
10.500.000.000 €
(dix milliards et demi d’euros pour l’année 2012)
Après cette base solide, certifiée, incontournable, de 10,5 milliards, on rentre dans les «fourchettes». Les taxes reversées à l’Etat, et les frais retenus par le PMU traînent dans nos esprits, en chiffres arrondis à environ 30%. En réalité les jeux simples sont beaucoup moins taxés, mais les jeux combinés le sont infiniment plus. Notamment, le Quinté, poste important, est non seulement taxé, mais quand il dépasse un certain revenu, il est re-taxé, ce qui explique en partie son déclin. Commençons par admettre que ces 30% de taxes peuvent tomber à 25%. Sur cette base, on peut avancer l’idée que les parieurs du PMU, dans le courant de l’année 2012, ont risqué 10,5 milliards et on leur a rendu 7,875.000.000 (7,785 milliards). Nous allons arrondir, en faveur du PMU, ce chiffre à 8 milliards, ce qui veut dire, toujours en chiffres ronds, que l’ensemble des parieurs du PMU ont perdu, en 2012 . . .
2.500.000.000 €
(deux milliards et demi d’euros pour l’année 2012)
Quoi qu’on fasse, quoi qu’on décompte, quoi qu’on dise, ce chiffre ne peut en aucun cas tomber en dessous à 2,5 milliards. Le prix de bons appartements ou de maisons en province, depuis la crise, tournant autour de 500.000 euros, les parieurs du PMU perdent tous les ans, 5.000 appartements ou maisons. Une petite ville perdue tous les ans.
Voyons comment ces chiffres sont présentés aux turfistes.
Le PMU prétend, en s’adressant à l’ensemble des turfistes, «nous parions que vous allez gagner» Le PMU perd son pari tous les jours et gagne ce que nous perdons.
Les journaux hippiques, quant à eux, ne parlent jamais de perte, (ce n’est pas vendeur), mais seulement de gains. Sylvain Copier, chargé de la rubrique «côté parieurs» de Paris-Turf, se gargarise de chiffres et tombe en pâmoison dès qu’ils atteignent 100.000 € (chaque semaine, il y a en moyenne seulement un ou deux parieurs qui encaissent des sommes à cette hauteur, au Quinté ordre, souvent aidés par un tirage au hasard SpOt). Au PMU, de gros perdants on en trouve, de gros gagnants on en cherche.
Quel pourcentage perdons nous?
Autant le PMU, que les journaux hippique, et surtout le peuple des parieurs, sont totalement inconscients du pourcentage des pertes des turfistes, avant complète lecture de ce qui suit.
Le PMU, pour soigner sa publicité et combattre son ami mortel, la Française des Jeux, ne manque jamais une occasion de rappeler qu’au Loto, les taxes sont de 50%, alors qu’aux courses elles sont seulement, en moyenne d’environ 25% (la moitié). Ce que le PMU oublie pudiquement de signaler, c’est qu’au Loto il y a un tirage par jour, alors qu’au PMU il y a 50 courses par jour, (et souvent plus) et bien entendu, à chaque course, on vous prélève ces 25%. Au Loto, les enjeux sont concentrés sur une seule course de boules autour d’une sphère. Je combats d’ailleurs, tout au long de ce site, la dispersion de l’argent en de multiples courselettes et jeux sur des centaines d’hippodromes, et maintenant à l’Etranger.
Là intervient un énorme leurre. Le PMU, à force de nous répéter que «son chiffre d’affaire» annuel est de 10,5 milliards, les turfistes et la plupart des journalistes finissent par croire que puisque nous jouons cette somme tous les ans, nous la possédons. Or si les turfistes possédaient cette somme, la moitié d’entre eux se contenterait de leur situation, arrêteraient de jouer, et le PMU ferait faillite. Nous nous trouvons dans un contexte tout à fait aberrant. Les turfistes ne jouent que parce qu’ils n’ont pas d’argent.
Comme je l’ai dit ailleurs, de nos jours on ne joue pas pour s’amuser. Les courses sont un jeu payant. C’est même le jeu le plus cher et le plus risqué du monde. Il faut remplir beaucoup de grilles de Loto, ou gratter des cartes à s’en user les ongles, ou tirer sur le manche d’une machine à sous des milliers de fois, pour se ruiner à ce point. Tous les jeux de nos jours sont gratuits ou presque. Sur Internet, vous trouvez de tout. Cela va de la marelle où il faut gagner le 9ème carré, au jeux sexuels où on gagne le 7° ciel. Au PMU, nous jouons, toujours, comme dit ailleurs, pour nous libérer du métro-dodo-boulot-bonus-à-deux-euros.
On va sur un stade de football par passion. On joue sur Internet par besoin. Les stades sont pleins. Les hippodromes sont vides. Cela vous donne le pourcentage de turfistes qui le sont par passion. Comme dans tous les domaines, il y a bien un petit pourcentage d’avertis qui jouent par plaisir. Cela me fait penser aux pêcheurs. Dans les torrents, on voit bien de temps à autre un homme botté jusqu’aux cuisses qui pêche à la mouche. Tout un art. Et ces pêcheurs remettent généralement leurs prises à l’eau. Mais la masse écrasante de la pêche est pratiquée par des personnes qui ont besoin de manger.
Reprenons le chiffre annuel de 10,5 milliards. (recettes de 2012, nettement et logiquement en déclin depuis la rédaction de ce texte). A raison de 52 semaines par an, cela signifie qu’en moyenne les turfistes jouent 200.000.000 € par semaine. (deux cent millions d’euros), soit 28.750.000 € par jour. (près de 29 millions par jour en moyenne). En tenant compte des fourchettes approximatives ci-haut, cela revient à dire que, tous les jours que Dieu fait, les turfistes perdent :
6.800.000 €
(Six millions, huit cent mille euros)
Autant en emporte le vent mauvais du PMU, tous les jours . . .
C’est de l’argent! D’où sort cet argent? Les turfistes ne jouent pas tous en même temps. Certains petits joueurs prennent le temps de se refaire une santé de portefeuille, par le travail, et passent dans le jeu une partie de leurs salaires. Ceux qui jouent, perdent en effet 6,800,000 par jour. Certains ont les moyens de jouer tous les jours, tout un temps, puis sont obligés d’espacer leurs enjeux. Tous les jours, la masse des turfiste reconstitue la perte de la veille, en puisant sur leurs réserves, sur leurs épargnes, sur les fonds de poche, sur les livrets, en épargnant sur les dépenses régulières, en empruntant, en vendant quelques petits bijoux, en mentant à leur propre femme sur le montant de leurs pertes. Certains organismes de sondage ont découvert qu’un pourcentage significatif de perdants s’adonne à certaines indélicatesses, détournements, petits larcins. Cela va jusqu’au vol, pur et simple. Des cas extrêmes se terminent par un suicide. La masse des prétendants à la perte, poussée par l’espoir de gagner, de ne plus travailler, de changer de vie, de standing, renouvelle cette faune à un rythme maintenant décroissant. Ajoutons à cela que par l’exportation du jeu dans des contrées lointaines, mis à par l’argent immédiat touché par le PMU au titre des frais et taxes, il y a plus d’argent qui «sort de France» que d’argent en «retour», les chevaux étrangers nous étant . . étrangers.
Toute cette machinerie infernale est mue par la conjonction de moteurs puissants, la plupart entretenus de façon subliminale par le PMU. Il y a d’abord le besoin d’argent. On risque une petite somme dans l’espoir d’en gagner une grosse. J'aurais tant aimé être l’auteur d’une des «impertinences hippiques» reportées dans la première page de ce site : «Je n’ai plus les moyens de ne pas jouer aux courses». Magnifique et si vrai. La publicité du PMU est atroce. Le tristement fameux «nous parions que vous allez gagner» mensonge publicitaire primaire, fait des ravages irréversibles. Le sigle même du PMU, avec son «M» qui signifie «mutualisme», laisse à penser que les sommes perdues par les uns, sont gagnées par les autres. On oublie qu’au passage, le PMU, grand prestidigitateur, fait disparaître 25% des enjeux à chaque course.
Pour peu que l’on se croie intelligent (cela arrive à des gens très bien, et plus souvent qu’à mon tour). on finit par penser qu’on va forcément être dans la «bonne moitié» des joueurs, dans la moitié qui gagne sur l’autre. Le jeu est ainsi fait, que de temps à autre, en effet, on ressort du jeu avec un peu plus d’argent qu’on en avait en y rentrant. C’est si rare, mais cela marque les esprit . . . c’est donc possible. Le PMU, contre nature, a crée une Tirelire, (pâle copie du Loto de la FdJ) qui entretient l’illusion que nous allons tous la gagner. Puis il y a toutes ces piécettes, qu’on appelle bonus et qui viennent confirmer que «palper» est possible. Il suffit de persister . . . Tous ces éléments, constitués de publicité mensongère, d’un état de faiblesse dû au besoin d’argent, ces illusoires petits gains, plongent et entretiennent le joueur dans un carcan dont il ne peut pas se sortir . . . l’addiction.
Tous ces commentaires ci-haut
ne sont là que pour retarder le moment où je vais être obligé d’ouvrir les robinets et vous faire prendre une douche glacée promise plus haut.
Il est indiscutable que l’ensemble des turfistes possède environ 30 millions d’euros destinés au jeu consacrés au jeux, tous les jours de l’année. Il couvre les enjeux d’une journée. Une seule. Ce chiffre d’ailleurs est en constante érosion, d’une année sur l’autre. Cette masse a tendance à se tasser, lentement, mais sûrement. Tant bien que mal, ces mêmes turfistes perdent près de 7 millions d’euros par jour, et arrivent à les reconstituer. Pour combien de temps? A cette hauteur, les chiffres étant les mêmes d’une année sur l’autre, on ne peut pas considérer qu’il y a un gain, sauf pour une poignée de cocus, qui ont gagné la tirelire, par chance, souvent par un SpOt, et pratiquement toujours au Trot. Pratiquement aucune tirelire n’est gagnée dans son intégralité. Elle tombe en quarts, ou à moitié. Elle perd ainsi son effet escompté, la grosse somme emportée par un seul joueur. Les très rares gagnants de tirelire évidement disparaissent du monde hippique.
On peut en déduire que le PMU est une vaste machine à perdre 7 millions par jour. Il n’y a pas, collectivement, de gains. Aucun. Le PMU est un mouroir à portefeuilles.