L’idée de départ de la fondation du Pari Mutuel Urbain, consistait à éliminer les bookmakers qui sévissaient autour des hippodromes, notamment parisiens. Les cotes étaient fixes, et fixées par les bookmakers, souvent très différentes de l’un à l’autre. Les enjeux étaient disséminé et clairsemés. Le paiement après la course était souvent litigieux. Certains bookmakers, ayant subi une lourde perte, disparaissaient plutôt que de payer.


Le PMU consistait à supprimer ces bookmakers, qui ne sont autre chose que des particuliers, ayant de meilleures informations, plus d’expérience et plus d’argent que les autres joueurs, et prenaient des paris contre une foule moins informée, sans payer de taxes, sans aucune garantie. Réunir l’ensemble les masses jouées en un seul point, de façon à rendre les rapports plus denses et constants, et surtout, après avoir payé un pourcentage des enjeux au PMU organisateur des courses, et à l’Etat sous forme de taxes, redistribuer la somme restante, non pas sous la forme de cotes fixes, mais sous une forme strictement mutualiste, ce qui suppose les cotes fluctuantes au fur et à mesure des enjeux, que nous connaissons encore aujourd’hui.


Le PMU est né de cette idée, germée de vieille date chez deux prétendants au monopole. Après des luttes intestines, comportant de nombreux coups bas (je les relaterai ailleurs), c’est Joseph Oller qui l’emporte et crée le PMU en 1930.


Cette notion de mutualisme, (de plus en plus mise à mal par le PMU actuel,  - voir cela ailleurs) fait partie intégrante de l’acronyme PMU. C’est un engagement solennel qui régit non seulement le PMU, mais l’intérêt de la foule des turfistes pour les courses organisées par ce même PMU.


On a beau venir me dire que depuis sa création, 85 ans se sont écoulés, et il faut «évoluer» avec son temps. (en un mot, me traiter de vieux con). Il me faut tout de même faire remarquer que le PMU n’est qu’un organisme gérant notre argent, garant de la bonne tenue des comptes, un point c’est tout. Après avoir chassé les bookmakers, il ne peut pas devenir lui même un «bookmaker-Géant» et se transformer en «personne physique» jouant contre ses clients tout en promettant: «Nous parions que vous allez gagner». Formule bien embarrassante. Le PMU ne pouvant pas «prendre de paris» (c’est même formellement interdit à son personnel) à partir du moment où il retient environ 75% de la masse jouée pour frais et taxes, cette formule devient mensongère en diable, puisque s’adressant à l’ensemble de la communauté qui perd 25% à chaque course, et non à un seul joueur qui par hasard aurait gagné momentanément.


Imaginons maintenant que le PMU devienne le bookmaker que certains souhaitent (Paris-Turf en tête, dans son décevant rapport de 85 propositions - faut aller voir ce que contient ce rapport. Ahurissant!). Ce PMU, plénipotentiaire, aurait à décider du «prix de vente» des chances de chaque cheval engagé dans une course (50 courses par jour, une pure folie, une «courante», une diarrhée de courses, soit entre 500 à 600 chevaux qu’il faudrait estimer tous les jours pour leur fixer un prix), et tenir parole.


De deux choses l’une. Soit le PMU se trompe en proposant un cheval à une cote trop basse par rapport à ses réelles chances de gagner, et la foule des connaisseurs se porterait massivement preneur et lui ferait perdre sa culotte. Soit la cote estimée serait trop haute, attirerait certains «gogos» qui souvent déçus limiteraient par la suite leurs enjeux. Dans tous les cas, le très prudent PMU, serait dans l’obligation de prendre d’énormes précautions en «fixant» ses cotes, et finirait par engranger «une réserve», tout comme il le fait en prélevant un pourcentage fixe, pour alimenter le paiement de sa tirelire, si capricieuse dans sa chute. Au fait, quelle est la réserve du PMU dans la comptabilité de la tirelire? (sauf erreur de ma part, on n’a jamais pu avoir accès à cette comptabilité-là). En prélevant, par sécurité, un excès d’argent au jeu simple, le PMU réduirait d’autant le «retour à parieur», tournant actuellement autour de 75% en moyenne, et finirait par ruiner tous ses clients, puis se ruiner, faute de combattants. Faut-il rappeler qu’en principe, l’argent joué sur une course, est supposé, après prélèvements divers, être redistribué intégralement, et non reporté sur d’autres épreuves.


On a vu ce dont le PMU a été capable en matière de pronostics, pendant la triste épopée de Gény-Courses, qui nous a coûté un max (c’est toujours le parieur qui paye les frasques du PMU). Cela s’est terminé par la braderie de Gény-Courses au groupe Paris-Turf. Je crois savoir, mais j’ai le droit, comme tout le monde, de me tromper,  que si la vente s’est réalisée, ce n’est pas tant en raison de la valeur de ce journal qui ne vaut strictement rien, mais bien parce que cette vente était assortie des films publicitaires (de très mauvais goût, comme tout ce que fait le PMU), et également du «fichier» de tous les clients liés à ce journal, qui recoupe également un certain nombre d’abonnés au fichier «jeu» du PMU. De nos jours, tout s’achète et tout se vend. On nous achète, on nous vend sans nous demander notre avis. Nous sommes considérés comme une marchandise, comme des «tubes digestifs» interchangeables.


Certains prétendront qu’en Angleterre, c’est bien le pari à cote fixe qui prédomine et se porte très bien. Or, le jeu des courses en Angleterre est très solide et concentré autour d’une énorme société de «betting», faisant office de bookmaker. Tout le monde joue, y compris la Reine d’Angleterre. Les journaux hippiques sont très sérieux, très détaillés, très documenté. Certains ressemblent à une Bible, alors que Paris-Turf, qui se prétend la Bible, n’est qu’un missel aux performances tronquées, tout à fait insuffisantes pour une étude sérieuse. Paris-Turf est devenu impraticable, même pour les pronostiqueurs «maison», qui prétendent être les meilleurs, alors qu’ils ne sont que les moins mauvais. Eternelle ambiguïté: Est-il préférable d’être le dernier des intelligents, ou le premier des c . . .?


Londres, c’est une autre paire d’outre-manches. Les anglais, avec les indo-chinois sont le peuple le plus parieur du monde. J’attendais un ascenseur au bas d’un tour de Londres, quand mon voisin me proposa de parier 10 £. Si la première personne à sortir de l’ascenseur était une femme, il aurait gagné. Je lui ai répondu «Yes, but I bet on a woman». Il faut savoir que 65% des employés des bureaux dans les tours londoniennes sont des femmes. Par ailleurs, à Londres, les hommes ont encore un minimum de galanterie et cèdent le passage aux «ladies». Il a souri et le pari ne s’est pas fait. Quand la porte s’est ouverte, c’est un homme qui est sorti en premier de l’ascenseur.






. . . sérieux.  

 

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